Apprendre à mieux maîtriser ses émotions et à développer la résilience pour faire face à l’adversité

Publié le : 15 décembre 202014 mins de lecture

Il y a des gens qui ont l’énorme capacité de s’imposer face à des difficultés ou des événements émotionnels très douloureux. Ils ont une personnalité résistante, ce sont des survivants. La résilience, la capacité à survivre à l’adversité, exige beaucoup de positivité, de persévérance et d’intégrité. La perte d’un être cher, les abus physiques ou psychologiques, les catastrophes naturelles ou les échecs dans différents domaines de la vie sont des circonstances qui mettent n’importe qui à l’épreuve. Il est possible de développer une personnalité résistante dans des conditions dramatiques et d’apprendre à nager à contre-courant. Cela nous permettra de survivre à l’adversité. Il existe deux types de personnalités résilientes. D’une part, il y a la possibilité de protéger votre identité lorsque vous êtes sous pression au milieu de circonstances destructrices. D’autre part, la capacité à conserver une attitude positive dans des conditions néfastes. Il s’agit d’un processus dynamique d’adaptation à des environnements défavorables et à des expériences traumatisantes.

Le cerveau et la souffrance

La souffrance psychologique modifie le cerveau. Le fait d’être toujours en alerte génère des quantités élevées de cortisol qui sont nécessaires dans des circonstances normales. Notre système d’alerte a besoin de cortisol pour préparer l’organisme aux situations d’urgence, mais lorsque les niveaux sont excessifs et constants, le processus de croissance est affecté, ainsi que la réponse immunitaire et la capacité d’attention. La testostérone joue un rôle crucial dans les situations de stress chronique. Des circonstances hostiles réduisent considérablement les niveaux de cette hormone et, par conséquent, diminuent également les capacités d’affirmation de soi de l’individu. Un manque d’attention se produit et des problèmes surgissent pour trouver des solutions. La créativité se perd, laissant place aux idées stéréotypées, répétition de schémas déjà expérimentés.

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Comment survivre à l’adversité

Dans les situations de stress post-traumatique, une distinction progressive peut être faite entre la personnalité non résiliente et la personnalité résiliente. Entre les deux, il existe de nombreux degrés de résilience. Chez les personnalités moins résilientes, le souvenir des souvenirs traumatisants est réactivé de manière plus intense, plus fréquente, presque compulsive, par des pensées intrusives. Ces souvenirs activent des zones du cerveau telles que le locus coeruleus, l’amygdale, l’hippocampe et le néocortex. La personnalité résistante, d’autre part, semble être le résultat de plusieurs processus qui contrecarrent ces activations dans des situations hostiles. La déhydroépiandrostérone (DHEA) joue un rôle clé, car elle réduit l’activité du cholestérol et inhibe l’excès de glucorticoïdes et de glutamate. Cela permet de prévenir les crises cardiaques et ischémiques. Il a également été observé que statistiquement, les sujets ayant une plus grande capacité intellectuelle et une plus grande activité cognitive ont des niveaux de résilience plus élevés. Ils semblent être capables de gérer et de traiter plus facilement les événements traumatisants. L’empathie, la connaissance de soi, le sens de l’humour, l’approche positive et la conscience du présent ne sont que quelques-unes des capacités que l’on peut observer chez les personnes résilientes. Des individus flexibles qui cherchent un but significatif dans leur vie. Ils jouissent de bonnes aptitudes sociales et peuvent vivre dans la frustration et l’incertitude.

La résilience peut être formée

Nos émotions et la façon dont nous gérons les événements ne sont pas conditionnées extérieurement comme elles le sont intérieurement. La clé réside dans l’interprétation. Former à la résilience signifie identifier les émotions négatives qui nous bloquent et les émotions positives qui nous poussent à changer. Former à la résilience signifie développer la capacité à donner des réponses positives dans les situations les plus difficiles. Dans de nombreux cas, il n’est pas possible de changer les circonstances, mais nous pouvons développer nos forces pour trouver des réponses plus facilement et réduire notre malaise intérieur. Il existe de nombreuses mesures que nous pouvons prendre à cet égard. Réécrire notre propre histoire, aider les autres, réduire le stress et être mentalement prêt à réorganiser nos croyances et nos objectifs. Changer notre histoire personnelle nous permet de voir le monde et nous-mêmes sous un autre angle. Pour survivre à l’adversité, nous devons commencer à considérer le conflit comme une opportunité de croissance. Le souvenir de la façon dont nous avons surmonté les obstacles dans le passé alimente la résilience. Pour être fort, il faut beaucoup de persévérance et de confiance dans tout ce que nous pouvons développer avec compétence et effort, en tirant les leçons du passé et en éprouvant des émotions fortes, en apprenant d’abord à gérer les deux avec intelligence.

Maîtriser son stress

Sur le plan biologique, la résilience est la capacité de maîtriser ses réactions au stress, essentielle à la santé physique et mentale. Sans contrôle, le stress chronique peut perturber le système immunitaire et contribuer à des maladies telles que les ulcères gastriques, l’asthme, la dépression, le diabète et les maladies cardiaques. Le stress est aussi susceptible de susciter des comportements néfastes pour la santé, tels que tabagisme ou consommation excessive d’alcool. Or contrôler son stress dépend en partie de ses capacités de résilience. Les revers font partie de n’importe quelle entreprise, mais ceux qui réagissent de façon constructive vont plus facilement de l’avant De nombreux facteurs, des molécules de qui assurent le fonctionnement de l’organisme jusqu’à l’environnement, influent sur la capacité d’un individu à tenir bon ou, au contraire, à abandonner face aux épreuves. La résilience est déterminée par des facteurs innés, mais aussi par le milieu qui joue sur la capacité à s’adapter au stress. Bien que certaines influences environnementales, telles que la pauvreté, soient difficiles à modifier, une personne peut augmenter son niveau de résilience en développant des habitudes mentales et physiques qui favorisent l’adaptation au stress et aux traumatismes.

Les ouvrages sur la gestion du stress qui paraissent aujourd’hui sont innombrables. Ils indiquent tous que le stress est délétère. Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. En fait, un certain niveau de stress est bénéfique. En effet, une difficulté surmontée améliore l’estime de soi, l’efficacité et la résilience. Une personne résiliente n’est donc pas quelqu’un qui évite le stress, mais qui apprend à l’apprivoiser et le maîtriser. De multiples études, comparant notamment des jumeaux, suggèrent que certaines caractéristiques personnelles favorisant la résilience seraient en partie innées. Ces traits de caractère sont, par exemple, ceux des personnes accommodantes et sociables, qui savent s’accepter et assumer leurs erreurs. Les chercheurs découvrent aujourd’hui certains aspects des mécanismes biologiques de la résilience qui facilitent nos réponses adaptatives au stress.

Au-delà de la biologie, plusieurs variables environnementales influent sur la résilience : le soutien familial, la stabilité et la qualité de la scolarisation, l’environnement. Par exemple, une personne solitaire et sans emploi aura plus de difficultés à faire face au stress et à un traumatisme qu’un individu ayant des revenus corrects et une famille qui le soutient. Et s’il n’est pas toujours possible de modifier ni ses traits de caractère, ni son environnement social, on peut apprendre à penser et à agir pour améliorer sa résilience. En fait, chacun peut s’y entraîner. Plus nous activons certaines régions cérébrales par le biais de notre comportement, plus certaines connexions entre neurones se renforcent, ce qui améliore l’efficacité de la transmission de leurs messages. Au cours de nos travaux, nous avons identifié dix façons de renforcer sa résilience. Certaines de ces stratégies réduisent le stress. D’autres aident à sortir grandi de ses expériences. Pour y parvenir, on doit apprendre à réguler ses émotions, adopter des points de vue positifs, mais réalistes, améliorer sa condition physique, accepter les défis, maintenir un réseau social solide, observer et imiter des personnes particulièrement résilientes. Examinons ces diverses stratégies.

Maîtriser ses émotions

La capacité à réguler des émotions telles que la tristesse, la colère ou la peur est essentielle pour faire face efficacement au stress et à un traumatisme. Les émotions négatives sont naturelles et ont souvent une valeur adaptative, mais si on ne les contrôle pas, elles peuvent compromettre notre capacité à penser et à prendre des décisions rationnelles dans les situations difficiles. Les chercheurs ont élaboré de nombreuses stratégies pour réguler les émotions et augmenter la résilience. Deux démarches ont été étayées par diverses données scientifiques récentes. Il s’agit de la réévaluation cognitive et de la méditation de pleine conscience. La première approche permet aux individus de réinterpréter le sens d’un événement désagréable pour le reconsidérer sous un angle moins négatif. Ainsi, un psychologue et ses collègues, de l’Université Columbia, ont montré que lorsque des individus cherchent à repenser à un événement douloureux, tel que ne pas avoir obtenu un poste espéré ou avoir perdu un ami, ils constatent que leurs émotions négatives diminuent. L’équipe a également montré que cette amélioration de l’humeur s’accompagne notamment d’une augmentation de l’activité du cortex préfrontal qui assure la planification et le contrôle les comportements, et d’une diminution de l’activité de l’amygdale, un centre essentiel pour le traitement des émotions, par exemple la peur.

Les bienfaits de l’exercice physique

L’activité physique peut aussi augmenter la résilience, en protégeant les personnes et les animaux contre les effets négatifs du stress.  Chez l’être humain, on a aussi montré que l’exercice réduit les symptômes de dépression et d’anxiété. Il améliore l’attention, la planification, la prise de décision et la mémoire, toutes fonctions importantes pour faire efficacement face au stress. L’exercice physique semble stimuler la résilience par le biais de divers mécanismes neurobiologiques. Par exemple, il augmente la concentration des endorphines ainsi que celui des neurotransmetteurs dopamine et sérotonine, qui pourraient soulager les symptômes dépressifs et améliorer l’humeur. Il bloque aussi la libération du cortisol, l’hormone du stress.

Doper sa résilience

Pour doper la résilience par le biais de ses relations, il faut commencer par évaluer notre réseau social, faire une liste des personnes auxquelles nous sommes connectés. Avec qui interagissons-nous chaque jour ? Qui nous aiderait sans hésitation ? Vers qui nous tourner pour demander conseil ? Qui nous comprend vraiment ? Et qui peut compter sur notre aide ? Si l’on se rend compte qu’il est nécessaire d’améliorer, ou simplement d’entretenir son réseau, il faut contacter sa famille, ses amis et ses collègues. Adhérer à des associations qui partagent nos intérêts et nos difficultés. Trouver comment aider les autres. En tant qu’adulte, il est également important d’enseigner aux enfants comment devenir un adulte social, c’est-à-dire savoir écouter, avoir de l’empathie et aider les autres. Dans son cercle social, il faut chercher les personnes qui surmontent vite leurs difficultés et dont on pourrait s’inspirer pour gérer ses propres difficultés. Des membres de sa propre famille, des collègues, des enseignants, des entraîneurs, ou même des personnages historiques ou fictifs peuvent servir de modèle de résilience.

Le chemin du traumatisme à l’espoir

Selon le psychologue, professeur émérite de l’Université Stanford, l’apprentissage par les modèles est d’autant plus efficace que l’observateur analyse précisément ce qu’il souhaite imiter en créant des règles susceptibles de guider sa conduite future. Par exemple, lorsqu’une amie de l’un d’entre nous perdit son emploi, elle a immédiatement téléphoné à des collègues, des anciens employeurs et des amis pour solliciter leur aide dans sa recherche d’un nouvel emploi. Lorsqu’elle contracta une pneumonie et tomba malade, elle s’installa chez sa sœur jusqu’à sa guérison. Et lorsqu’elle perdit sa mère, elle appela sa famille et ses amis les plus proches et leur demanda de venir passer quelque temps avec elle. Plutôt que de rester seule dans ces moments pénibles, elle avait sollicité le soutien de ses proches.

Grâce à des années d’examen de conscience, ce que nous avons appelé la réévaluation cognitive, il a commencé à voir la perte de son pied plus comme une opportunité que comme un malheur. Avec un groupe de personnes ayant le même état d’esprit que lui, il s’est donné pour mission de débarrasser le monde des mines antipersonnel. Grâce à la réévaluation cognitive, au soutien social et à une démarche volontariste, il a transformé sa tragédie en une mission d’espoir.

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