Comment faire face à une surcharge émotionnelle en cette période de pandémie ?

Publié le : 15 décembre 202015 mins de lecture

La surcharge émotionnelle d’une pandémie est une réalité psychologique à laquelle nous devons faire face : un enchevêtrement de sensations, de pensées et d’émotions qui nous épuisent physiquement et mentalement. C’est une situation qui peut facilement nous submerger et s’intensifier si nous ne disposons pas de mesures adéquates pour y faire face. Carl Jung a dit que le pendule de l’esprit oscille entre le sens et le non-sens, et non entre le bien et le mal. C’est d’autant plus vrai dans une période de difficulté et d’incertitude comme celle que nous vivons. Dans ces semaines, il est tout à fait normal de tomber dans des pensées filtrées par la peur. La peur est compréhensible, mais elle peut aller jusqu’à obscurcir la réalité et ériger des murs qui ne laissent aucune place à l’espoir. Si l’on ajoute à cela le flux continu d’informations, de données, de statistiques et d’incertitudes sur l’avenir proche, il est facile de passer d’une attitude plus détendue à une vision du monde à travers le prisme de l’anxiété. Bien qu’il soit presque prévisible de ressentir le chaos émotionnel, nous devons essayer de garder le contrôle autant que possible.

La surcharge émotionnelle pendant la pandémie : comment la reconnaître ?

La surcharge émotionnelle pendant une pandémie peut avoir deux sources. Le premier et le plus grave peuvent correspondre à un événement traumatisant comme la perte d’un membre de la famille à cause de Covid-19. La combinaison de l’émotion, de la douleur et des difficultés évidentes à faire son deuil dans les circonstances actuelles exacerbe cette dimension psychologique. Elle est tout aussi fréquente chez les travailleurs de la santé qui subissent les effets de la pandémie en première ligne, entre les quarts de travail forcés et la fatigue de l’empathie. Mais une surcharge émotionnelle peut aussi être le résultat d’une accumulation constante de petites situations. Le stress quotidien, les soucis qui s’accumulent, les journées qui semblent toutes pareilles peuvent nous plonger dans un abîme. Voyons voir quels sont les symptômes.

À lire en complément : Les bonnes attitudes à adopter en période de confinement

Est-ce que vous souffrez de surcharge émotionnelle ?

Vous réagissez de façon disproportionnée face à des situations habituelles. Certains, par exemple, au moment de rentrer chez eux après être allés faire des courses, peuvent ressentir une sensation de panique s’ils ne retrouvent plus leurs clés.

  • Les difficultés à se concentrer et à réaliser des tâches simples sont habituelles
  • Nous avons du mal à maintenir une conversation normale avec nos proches, famille ou amis. C’est comme si les autres étaient sur une autre fréquence, une fréquence qui nous fait nous sentir incompris et même en colère
  • Les émotions sont toujours à fleur de peau. Vous avez envie de pleurer pour n’importe quoi, vous vous fâchez pour rien et l’apathie devient une constante qui vous empêche de vous amuser
  • La fatigue physique est aussi un effet évident de la surcharge émotionnelle. L’épuisement est si intense qu’il vous pousse parfois à vous demander si vous n’avez pas attrapé le COVID-19

Comment gérer les effets de la surcharge émotionnelle dans le contexte actuel ?

La surcharge émotionnelle nous avertit clairement : nos émotions parlent et requièrent de l’attention. Le but n’est donc pas de dissiper le brouillard émotionnel en niant la réalité ou par une approche logique. Ce n’est pas le moment d’être dur avec nous-mêmes. Les émotions donnent un sens à l’expérience, elles sont le patrimoine de la nature humaine et doivent être intégrées par l’acceptation. C’est seulement ainsi que nous pourrons mieux naviguer dans cette mer compliquée.

– Accepter et donner de l’espace à chaque émotion

Ne tournez pas le dos à cette confusion émotionnelle, ne vous blâmez pas. Visualisez-le comme un écheveau composé de fils de plusieurs couleurs. Le travail consiste à les séparer, à les reconnaître, à leur donner un nom. Quel est ce sentiment ? La tristesse, de l’angoisse, de la peur, de la frustration, de la nostalgie. Faites de la place pour tous vos sentiments et acceptez vous sans critique pour ce que vous ressentez. Ces émotions demandent du temps pour dialoguer avec elles, avec compassion.

– Être conscient du raisonnement émotionnel

L’une des causes de l’apparition de cette surcharge émotionnelle au cours de la pandémie est le raisonnement émotionnel que nous tenons à propos de chaque chose que nous entendons, pensons ou voyons.

  • Nous pouvons prendre plusieurs exemples. Si, devant chaque nombre de contagions ou de décès, vous vous dites que les choses ne font qu’empirer, qu’il n’y a aucune issue et que chaque jour est angoissant, vous ne traitez la réalité qu’à partir des émotions les plus adverses. Or, c’est une chose que vous devez contrôler.
  • Si vous vous répétez des choses comme vous n’en pouvez plus de cette anxiété, vous donnez un pouvoir excessif au cerveau émotionnel et à cette amygdale qui ne fait qu’anticiper les risques et les fatalités.
  • Vous devez ôter du pouvoir à ce filtre émotionnel, le réduire, le rapetisser. Placez-vous à l’entrée de la porte de vos pensées et devenez-en le garde : n’autorisez aucune entrée aux idées et verbalisations qui ne font qu’empirer la vision que vous avez des choses et de vous-même.

– Moments de déconnexion, espaces de calme

Nous savons que la surcharge émotionnelle au cours de la pandémie est quelque chose que beaucoup d’entre nous peuvent ressentir. Il est donc toujours bon de prendre en compte quelques conseils de survie quotidienne très simples.

  • Régulez l’exposition à l’information
  • Tenez un journal d’émotions et de pensées. Un livre de bord qui vous permette de prendre contact avec votre univers interne
  • Offrez-vous des instants de calme en vous plongeant dans des activités qui vous plaisent, celles qui laissent vos pensées se reposer et font jaillir les émotions positives
  • Parlez avec des personnes qui savent écouter. Des personnes qui apportent quelque chose, et non le contraire
  • Voyez votre esprit comme une chambre. Elle doit être rangée, la lumière doit éclairer tous ses coins, sans laissez de zones obscures; aucune émotion ne doit être enfermée ou ignorée

Pour conclure, face à des situations compliquées, nous ne devons jamais anticiper le pire pour essayer d’être préparés. Cette formule ne fonctionne pas : elle ne sert qu’à intensifier l’anxiété et la surcharge émotionnelle.

La santé mentale pendant la pandémie

C’est naturel d’éprouver du stress, de l’anxiété, de la peine et des inquiétudes durant et après une situation stressante.

Personne ne réagit de la même façon, et vos propres sentiments changeront avec le temps. Remarquez et acceptez comment vous vous sentez. Prendre soin de soi durant une situation stressante vous aidera dans votre guérison à long terme. Si vous prenez soin de votre santé émotionnelle, cela vous aidera à penser clairement et à vous protéger, vous et vos proches. Parmi les réactions durant l’éclosion d’une maladie, mentionnons :

  • Les craintes et les inquiétudes au sujet de votre état de santé et de celui de vos proches qui pourraient avoir été exposés à la COVID-19.
  • Les changements dans les habitudes de sommeil ou les habitudes alimentaires.
  • Les difficultés à dormir ou à se concentrer.
  • L’aggravation des problèmes de santé chroniques.
  • Une consommation accrue d’alcool, de tabac ou d’autres drogues.

Si vous composez avec ces sentiments et obtenez l’aide dont vous avez besoin, cela vous aidera, vous et votre collectivité, à vous rétablir de l’éclosion d’une maladie.

La fatigue mentale peut rendre l’activité physique plus difficile

Avoir certaines attitudes positives est est important, particulièrement en cette période de confinement qui est propice à l’adoption d’un mode de vie sédentaire et à d’autres mauvaises habitudes. En pratique, les choses ne sont pas si simples et les individus peuvent être confrontés à différentes barrières limitant leur engagement dans une activité physique régulière. Au-delà des contraintes logistiques et organisationnelles peuvent venir s’ajouter la problématique de la fatigue mentale. Paradoxalement, si réaliser une activité physique est intuitivement intéressant pour lutter contre l’installation de la fatigue mentale, il est également possible que cette fatigue mentale puisse compliquer un peu les choses.

Il est bien connu que la fatigue mentale réduit les performances cognitives. Ce n’est que plus récemment que son rôle sur les performances physiques a été décrit. La fatigue mentale pourrait modifier la concentration de certains neurotransmetteurs dans le cerveau, pouvant conduire à une augmentation de la perception de l’effort et une réduction de la motivation associée. Un effort que l’on a l’habitude d’effectuer sera perçu comme plus dur à réaliser. Si cette perception d’effort dépasse notre motivation potentielle ce que l’on est prêt à investir pour réussir notre tâche physique, on peut décider de diminuer l’intensité de l’effort physique en question mais également, souvent en raison de la frustration associée, de l’interrompre. Ce désengagement de l’effort peut à terme contribuer au renforcement des comportements sédentaires.

Au-delà d’une fatigue mentale exacerbée, d’autres facteurs psychophysiologiques peuvent venir interagir pour rendre l’effort plus dur à réaliser en cette période de crise sanitaire. Citons par exemple l’anxiété liée à la crainte d’être infecté lors de la pratique en extérieur qui peut contribuer à la pénibilité de l’effort. Dans ce cadre, si le port du masque, qui semble se généraliser parmi les pratiquants, peut sembler une solution adaptée pour contrer ce caractère anxiogène, il n’en demeure pas moins une contrainte additionnelle appliquée au système respiratoire, venant également renforcer cet effet de désengagement vis-à-vis de l’effort physique.

Comment la détecter ?

Il existe différents questionnaires validés pour détecter la fatigue mentale. De manière plus pratique, il existe certains signes annonciateurs qu’il faut apprendre à reconnaître, comme par exemple les changements d’humeur ou le renforcement des sentiments de frustration, même si ces derniers restent multi-déterminés et pas uniquement spécifiques aux états de fatigue mentale. Une baisse des capacités cognitives, avec comme témoin classique l’altération des capacités de concentration, peut également constituer un signe annonciateur.

La santé mentale et la COVID-19

Alors que la pandémie de coronavirus se propage rapidement dans le monde entier, elle suscite un degré considérable de crainte, d’inquiétude et de préoccupation dans la population en général et chez certains groupes en particulier, comme les personnes âgées, les prestataires de soins et les personnes souffrant d’affections préexistantes. En termes de santé mentale publique, le principal impact psychologique à ce jour est un taux élevé de stress ou d’anxiété. Mais avec la prise de nouvelles mesures et l’émergence de nouveaux impacts en particulier la quarantaine et ses effets sur les activités normales, les habitudes ou les moyens de subsistance de nombreuses personnes les niveaux de solitude, de dépression, de consommation nocive d’alcool, d’usage de drogues, et de comportements auto-agressifs ou suicidaires devraient également augmenter.

Désormais, chez les populations déjà fortement touchées, comme en Lombardie en Italie, les questions d’accès et de continuité des services pour les personnes présentant ou développant des troubles mentaux constituent aussi une préoccupation majeure, au même titre que la santé mentale et le bien-être des agents de santé de première ligne. Dans le cadre de sa riposte de santé publique, l’OMS a élaboré, en collaboration avec ses partenaires, un ensemble de nouveaux supports sur les aspects de santé mentale et de soutien psychosocial de la COVID-19.

Conseils pratiques 

Mesures à prendre pour vous aider :

  • Prenez soin de votre corps : essayez de manger des repas équilibrés et sains, de faire de l’exercice régulièrement et de dormir suffisamment. Évitez l’alcool et d’autres drogues.
  • Prenez des pauses : respirez profondément, étirez-vous ou méditez. Prenez le temps de vous détendre et rappelez-vous que des sentiments aussi intenses passeront. Essayez de faire des activités que vous aimez habituellement. Gardez espoir et maintenez une attitude positive.
  • Entrez en contact avec les autres : dites ce qui vous préoccupe et ce que vous éprouvez à un ami ou à un membre de la famille. Entretenez des relations saines.
  • Restez au courant : lorsque vous avez l’impression de manquer d’information, vous pourriez éprouver plus de stress ou de nervosité. Regardez, écoutez ou lisez les nouvelles pour obtenir des mises à jour des autorités. Prenez conscience du risque de rumeurs en cas de crise, surtout dans les médias sociaux. Vérifiez toujours vos sources et consultez des sources d’information fiables comme les responsables de la santé publique.
  • Évitez une trop grande exposition à la couverture médiatique de la COVID-19 : accordez-vous des moments de répit au lieu de regarder, de lire ou d’écouter les reportages. Cela peut déranger d’entendre parler de la crise et de voir des images sans cesse. Essayez de vous livrer à des activités agréables et de retourner à une vie normale autant que possible et vérifiez s’il y a des mises à jour entre les pauses.
  • Demandez de l’aide au besoin : si vous avez des réactions de stress sentiments ou comportements en réponse à l’éclosion de COVID-19 pendant plusieurs jours d’affilée et qu’elles vous empêchent d’assumer vos responsabilités courantes, communiquez avec votre fournisseur de soins de santé ou votre centre local de traitement des dépendances et de santé mentale.

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